A l’occasion de la Semaine mondiale de l’entrepreneuriat, plusieurs conférences sont données ces jours en Suisse par des femmes entrepreneures. L’objectif est d’échanger et s’entraider alors qu’il est souvent compliqué pour elles de trouver leur place, surtout quand elles travaillent dans des secteurs masculins.

Les femmes peinent encore à trouver leur place dans l'entrepreneuriat. [Frédéric Cirou - Alto Press via AFP]

« Comment est-ce que ça va se passer avec les enfants? Est-ce que la fonction ne sera pas trop lourde pour vous? »

Ces questions sont souvent posées aux femmes, en particulier aux femmes entrepreneures. L’actualité le démontre d’ailleurs puisque les candidates à la succession de Simonetta Sommaruga au Conseil fédéral ont parfois été interrogées de la sorte.

Un biais

Co-fondatrice de Miloo, une entreprise de vélos électriques, Anna Bory peut également en témoigner. « Des fois, dans mon magasin, on me demande où est mon boss. Dans ce genre de cas, je réponds très gentiment que c’est moi. Il y a un biais qui n’est pas forcément malveillant et qui est en train de changer. A Singapour, ville où il y a le plus de femmes CEO au monde, et où j’ai travaillé durant huit ans, on ne m’a jamais questionnée sur mes décisions », explique-t-elle au micro de La Matinale.

Il ne s’agit pas forcément d’un clivage homme-femme, mais plus d’éducation, comme l’explique Valérie Jornod, membre du comité des « Mampreneures », une association qui soutient les mamans entrepreneures, et directrice de la fiduciaire Jornod IC Sàrl à Yens, dans le canton de Vaud.

« C’est vrai qu’en tant que femme, on se pose beaucoup de questions avant d’y aller. Des fois, il faudrait juste oser et avoir confiance en soi. Et c’est peut-être ça le plus difficile. »

La formation et le nombre croissant de femmes à des postes importants devraient aider. Mais seuls 5% des postes de chefs d’entreprises sont occupés par des femmes de par le monde, selon le rapport 2022 de Deloitte.

Evolution de la question

C’est tout un modèle à réinventer du côté des entreprises, pour mieux intégrer les questions par exemple de la maternité ou des enfants dans l’organisation du travail, comme l’explique Joanna Bessero, consultante en ressources humaines. Et pour elle, les choses sont déjà en train de changer.

« Je pense que la différence aujourd’hui n’est plus liée uniquement à la femme qui travaille, mais aux parents. Car on se rend compte de plus en plus que les demandes de taux d’activité réduits sont faites aussi par de jeunes papas. »

Une évolution qui s’observe également en termes de concurrence. « Ce ne sont plus les candidats qui se font concurrence sur le marché de l’emploi mais les employeurs. Il y a une dimension qui a basculé », poursuit-elle. « L’employeur se doit d’être au plus proche des attentes des collaborateurs. C’est pour ça qu’il y a de plus en plus de flexibilité, de postes de co-direction aussi dans l’entreprise. Il y a beaucoup de choses qui vont tendre vers le bien-être du collaborateur, du manager et du salarié. »

Pour écouter l’interview de Joanna Bessero dans la Matinale du 15 novembre : RTS

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